Les mobiles savent flasher

Optical data recognition de JA_FS

Je viens de tomber sur une publication très intéressante parue dans la revue « Computers and Electronics in Agriculture« , dont le texte complet m’a gentiment été transmis par son auteur portugais Raul Morais dos Santos. Il s’agit d’une synthèse de travaux expérimentant l’utilisation de téléphones mobiles permettant la récupération et la transmission d’information en direct du champ à partir de « tags » préalablement installés sur des parcelles de vigne. Les tags sont des étiquettes qui peuvent être des simples codes barre en 1 dimension (les EAN 13 que vous retrouvez classiquement sur tous les emballages de produits manufacturés), ou de codes en 2D (flash code ou QR Code), ou encore des puces RFID voire des coordonnées GPS.

Le mobile va « flasher » le code qui est en fait une étiquette placée sur une parcelle, c’est à dire qu’il va prendre une photo puis décoder l’étiquette et transmettre via Internet les informations contenues dans le code sur un serveur qui va à son tour renvoyer toute une série d’informations sur le téléphone. Les informations renvoyées peuvent concerner la vie de la parcelle (date de plantation, opérations culturales, rappel des dernières observations,…) ou des informations annexes et utiles au viticulteur (données météo de la station la plus proche, …). L’utilisateur peut aussi transmettre des observations directement depuis son téléphone, qui seront stockées sur le serveur et disponibles plus tard.

La différence entre un code à 1 dimension et un code 2D est que le code 2D va pouvoir stocker beaucoup plus d’information. Un flashcode ou un QR Code (deux normes de codes 2D différentes) peuvent stocker toute une série d’informations statiques liées à la parcelle qui peuvent être lues avec un lecteur intégré au mobile sans besoin de se connecter. Le Code 2D peut aussi contenir une URL, c’est à dire l’adresse d’une page Web à ouvrir, pour recueillir des informations complémentaires hébergées sur un serveur. Les codes 2D tendent à se développer, on commence à en trouver sur certains emballages. Celà permet notamment d’y stocker beaucoup d’informations relatives à la traçabilité des produits. Je suis d’ailleur en train de tester une application disponible sur iPhone développée par la société QuikMark qui a développé depuis peu un système de traçabilité agro-alimentaire à Taiwan, basé sur cette technologie. D’après le site chacun peut, grâce à cette application,  générer soi même des codes barres. C’est effectivement vrai puisque j’ai très simplement pu générer le code 2D permettant d’accéder à ce blog. Vous pouvez le tester en utilisant un lecteur de flashcode. Avec QuikMark pour iphone cela fonctionne très bien.

le code 2D de http://www.ageekculture.com

Dans le cadre de l’étude dont je vous parlais au début de cet article, l’originalité est d’avoir couplé ce système de géoréférencement à l’utilisation d’outils d’aide à la décision permettant aux agriculteurs de disposer d’informations pertinentes leur permettant d’adapter leur conduite de culture et de tracer leurs observations. J’imagine là une voie nouvelle permettant de diffuser des outils facile à prendre en main par les agriculteurs et n’impliquant pas pour eux un investissement matériel (l’usage des mobiles est plus que généralisé, reste à développer les réseaux de type 3G dans les campagnes).

A noter que la viticulture semble bien avancer sur cette technologie, puisqu’en regardant rapidement sur Internet j’ai trouvé une entreprise française qui propose déjà aux viticulteurs d’intégrer un flashcode sur leurs bouteilles pour permettre aux consommateurs de trouver des informations complémentaires à l’étiquetage traditionnel.

vertigogo

Le vertical-farming, une idée qui monte

Nous entendons depuis quelques temps un terme nouveau, un buzz-word comme on dit, le vertical farming. Je ne sais pas s’il y a une traduction française officielle, appellons cela l’agriculture verticale.

Comme nous traitons ici des innovations touchant à l’agriculture, il me semblait opportun d’écrire un article sur le sujet, d’autant que je viens de tomber sur un lien présentant les 50 meilleures innovations de l’année 2009 décernées par le prestigieux  journal Time et que, figurez vous, la 16ème meilleure innovation est un procédé de culture en serre vertical et rotatif, de la société Valcent. Plus précisément, cette société basée au Texas propose deux technologies Verticrop et Alphacrop, des procédés qui permettent de conduire des cultures hydroponiques sur des plateaux en étages, tournant sur un axe rotatif présentant les plateaux à la lumière et à l’alimentation en eau et nutriments de manière continu. Le système est évidemment innovant puisqu’il mixte la culture en étage (le vertical farming) avec un système rotatif permettant de gagner en efficience en terme de lumière et de nutrition des plantes.

La plaquette de la société disponible sur leur site présente tous les atouts d’une telle solution pour le producteur mais aussi pour les consommateurs. Il y a de vrais arguments dans ce beau document, mais c’est tout de même un bel exemple de green-washing. L’article de Wikipedia permettra aux lecteurs de relativiser davantage ces atouts notamment en terme énergétique et économique. En terme environnemental, un des arguments massus du vertical farming est la possibilité de faire de l’agriculture urbaine et donc de proximité. Mais plusieurs voix s’élèvent pour signaler que les réductions de coûts énergétiques liés aux diminutions de transport pour aller jusqu’aux consommateurs sont annulées par les surcoûts liés à l’énergie necessaire au fonctionnement du sytème (lumière artificielle et ici motorisation). On pourra arguer que cette énergie pourrait être facilement verte (panneaux solaires, éoliennes,…)…

Il me semble qu’il y a là une belle piste d’évolution et une possibilité réelle de rapprocher les fermes des villes sans consommer trop de surface. Cela ne s’adaptera pas cependant à toutes les productions (j’imagine mal que cela puisse s’appliquer aux grandes cultures).

Mais la question est , me semble t’il. Est-ce que les consommateurs vont adhérer à ce type de production ?